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Etienne Hubin

Photographies  

Voyages et Nature


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Une chaude lumière du soir envahit le jardin en ce début d’automne. Les jeunes mésanges, encore insouciantes, voltigent de branches en branches, détachant au passage les premières feuilles jaunies. Un parfum d’arrière-saison s’installe lentement sur le jardin où les dernières fleurs, bientôt, laisseront place aux couleurs chatoyantes du noyer. La nature se pare de ses plus beaux atours, dernier sursaut d’orgueil avant l’hiver qui s’annonce. Du jardin se dégage une ambiance particulière, propice à la rêverie.

Dans l’affût de fortune, le filet de camouflage enroulé sur l’objectif, l’attente commence. Ces petites boules de plumes, je les observe depuis mon enfance. Je me souviens de ces après-midi entières passées à les admirer, les approcher parfois même jusqu’à les frôler. En leur compagnie, j’étais le bambin de la « Page d’Ecriture » de Jacques Prévert.

Originaire du milieu agricole, j’ai eu une enfance merveilleuse, au cœur de la nature. La pêche à la ligne, les cabanes en fougères, les moissons, l’observation des renards ou des chevreuils… J’ai beaucoup lu à cette époque  (et encore aujourd’hui, d’ailleurs). J’ai dévoré les « Nouvelles » de Maupassant, mon écrivain favori. Les récits de voyages de Nicolas Bouvier, Pierre Loti, Alexandra David-Néel m’ont fasciné dès mon plus jeune âge. J’ai très vite voulu mettre mes pas dans les leurs. Je me souviens tout particulièrement d’un récit   d’Annemarie   Schwarzenbach, « La Mort en Perse », dans lequel elle décrit une nuit étoilée à Persépolis. Lorsque j’ai traversé l’Iran sur ses traces, j’ai vécu la même expérience. C’était en avril 1997. Un moment magique !

Le soleil de cette belle soirée d’automne ne doit pas faire illusion. Inexorablement, l’hiver approche. Le crépuscule envahit à présent le jardin. La haie d’osier et de jeunes peupliers qui donne ce fond jaune que j’aime tant s’embrase sous les derniers rayons. La sittelle, une ultime fois, parcourt le vieux tronc la tête en bas. Juste le temps d’une dernière image, d’un dernier frisson.

Les parois de l’affût redeviennent arbres, le filet de camouflage redevient feuilles, l’oiseau redevient rêve. Ce soir, c’est sûr, je relirai Prévert…